DOMAINE HUMANITES du latin « humanitas », Culture : « Ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement » ( Petit Robert 1994)
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE ET DE L’URBANISME :
Elsa Besson, intervenante.
L’enseignement de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme s’étend sur les trois années de cursus de l’EPS-AA ;
Chaque année mobilise des connaissances distinctes qui servent à la fois la culture générale de l’étudiant et son apprentissage de l’architecture.
L’histoire de l’architecture étudie l’évolution du bâti et des techniques de construction. C’est aussi une discipline qui envisage les acteurs de l’architecture et étudie les conditions de production – politiques, économiques et sociales – et les conditions culturelles à l’origine du projet. Elle touche à la sociologie historique, à l’anthropologie, ou encore à l’histoire de la philosophie.
Cette discipline puise dans plusieurs champs de connaissances et dans divers champs des sciences humaines sociales la matière utile pour analyser et expliquer l’évolution des formes architecturales, des styles et des usages de l’architecture.
Le cours se construit autour de projections audio-visuelles. La contribution des étudiants à préparer des présentations thématiques les entraîne au travail de recherche, d’analyse et de restitution, et in fine, à l’art oratoire argumenté.
PREMIÈRE ANNÉE : il s’agit de donner aux étudiants une culture architecturale commune, une base pédagogique permettant d’élargir les connaissances de chacun et de consolider celles déjà acquises auparavant. Défrichant de grandes périodes de l’histoire des villes et des architectures, de la Mésopotamie au Moyen-âge européen, de la vallée de l’Indus à l’Égypte du XXe siècle, ce cours ambitionne d’aborder une série de thèmes fondateurs, pour permettre une compréhension large de l’architecture.
Au cours de cette année d’initiation, l’enjeu est de comprendre l’histoire de l’architecture non pas uniquement comme une succession de bâtiments remarquables, emblématiques, qui ne ferait qu’une histoire de l’architecture très partielle, uniquement matérielle. Il s’agit de comprendre les histoires politique, culturelles et sociales qui permettent d’envisager plus précisément l’architecture, et pas d’étudier seulement les monuments reconnus de l’histoire architecturale.
Grâce à une série de thèmes (« Planifier la ville et faire lieu commun », « S’abriter et habiter », « Se réunir et se divertir », « Croire et prier », « Éduquer et s’éduquer », « Exercer l’autorité », « Soigner le corps »), un cycle de 25 cours permet de balayer l’histoire de l’architecture de manière transversale et transhistorique.
DEUXIÈME ANNÉE : ces thèmes sont repris et approfondis, en resserrant la chronologie et l’aire géographique à l’Occident, du XIXe siècle au XXIe siècle. Pour cette année également, la thématisation prime, même si la chronologie est respectée au sein de chaque thème. Le cours se développe à partir des typologies et des fonctions architecturales, depuis la fin du XVIIIe siècle.
Les thèmes initiaux du cours sont composés des deux grands thèmes suivants : « Planifier la ville moderne » et « Rêver la ville et l’architecture : les utopies aux XIXe et XXe siècles ». Suivent les thèmes comprenant la typologie du logement, individuel et collectif – typologie centrale pour cette période. Ces premiers cours nécessitent une attention particulière les problématiques liées à la planification urbaine et aux habitats étant des questions majeures aux XIXe et XXe siècles. Suivent les thèmes déjà parcourus en première année, ici approfondis avec trois séances dédiées à chacun, en moyenne ; « Se réunir et se divertir », « Croire et prier », « Éduquer et s’éduquer », « Rendre la justice et punir », « Soigner le corps ».
TROISIÈME ANNÉE : les étudiants sont en mesure de se confronter aux questions urbaines pointues que posent la seconde moitié du XXe siècle et le début du XXIe siècle. Au cours de cette dernière année, c’est donc la question urbaine qui nous intéresse.
Par une large palette de thèmes liés à la ville contemporaine, plusieurs cas de figures sont appréhendés qui se recroisent et se complètent, et permettent d’avoir une vision globale de la ville, des usages et des théories qui l’appréhendent et la façonnent :
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La ville verticale - Concept de géographie urbaine : de Chicago à la théorie de Rem Koolhaas.
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La ville verticale versus habitat et tissu anciens – controverses en Europe et en France.
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La ville horizontale à différentes échelles, à partir de Broadacre City de Frank Lloyd Wright.
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La ville et la périphérie : Banlieue pavillonnaires, périurbanités – en France et aux États-Unis.
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La ville nouvelle planifiée intramuros : les îlots parisiens depuis la fin des années 1980.
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La ville nouvelle en périphérie en France : les enjeux territoriaux et les héritages des années 1960.
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La ville-marchandise et l’ »architecture franchisée » : la théorie élaborée pour Las Vages par Robert Venturi et Denise Scott-Brown à celle de David Mangin.
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La ville des loisirs : les modifications urbaines d’une société polarisée par les loisirs.
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La ville climatique : des leçons du M’zab à l’écologie urbaine industrialisée (Fribourg, Bedzed à Londres etc.)
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La ville hyper-moderne et la ville sécuritaire : les doctrines de François Ascher depuis les années 1990 et la théorie de Paul Landaueur.
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La ville à l’aune de l’austérité, de la crise et de la rareté : de l’austérité souhaitée – théorie de Jeremy Till, à celle imposée et subie ; exemple de Detroit (USA).
CARREFOUR CULTUREL
Yves KNEUSE, intervenant.
PREMIÈRE ANNÉE :
VILLES et TERRITOIRES
Grégory CHAUMET, intervenant.
TROISIÈME ANNÉE :
Le cours a pour objectifs :
- d’apporter les connaissances actualisées sur l’histoire urbaine, au regard de la bibliographie des trente dernières décennies
- de familiariser les étudiants aux méthodes critiques de l’histoire pour interroger les problématiques contemporaines des territoires urbains, en particulier Paris.
Les séances apportent des notions, un vocabulaire et une culture générale sur l’analyse de la fabrique de la ville et du territoire indispensable à l’élaboration des différents projets d’architecture de la 3ème année
« Le territoire comme palimpseste » (André Corboz). La ville se lit en effet comme un livre à ciel ouvert. Pour en décrypter les traces et les strates, l’histoire urbaine met en perspective à la fois la théorie et la pratique de la fabrique de la ville.
A partir de l’exemple de Paris, comparé aux autres grandes capitales du monde occidental (Europe et Etats-Unis), ce cours veut familiariser les étudiants avec les idées, les acteurs et les réalisations qui relèvent des politiques d’intervention sur la ville, du XVIIe siècle à nos jours. Dans ce regard global sur la ville le cours n’oublie pas l’influence de l’économie de l’énergie et des infrastructures sur le développement urbain.
TERRITOIRE, PAYSAGE ET LE VIVANT
Cyril Seguin, intervenant,
Théorie et pratique du projet urbain.
DEUXIÈME ANNÉE : Les enjeux des visites de jardins :
Arpenter et observer un site. Observer et interpréter la genèse d’un lieu ( espaces publics urbains, jardins, parcs, paysages de la ville de Paris) :
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Développer un regard critique et se surprendre, s’interroger
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Acquérir une culture de projet et de conception des paysages, des jardins et des territoires traversés.
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Connaître et distinguer certaines notions utilisées dans les projets urbains, de paysage et de territoire.
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Se positionner comme étudiant concepteur, actif sur le terrain.
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Dessiner en tant que concepteur et restituer ses observations et les potentialités d’un lieu.
Les visites :
Parc des Buttes-Chaumont :
Pour son époque (révolution industrielle), son relief et son vocabulaire géographique, le plan vert d’Haussmann (faire « écho » aux trames vertes et bleues d’aujourd’hui), l’agrandissement de Paris (annexion de Belleville, La Villette), l’héritage des jardins paysagers anglais, puis pittoresque, le siècle de la science (horticulture, géographie, biologie) et des ingénieurs (respiration, mouvement, moteur à vapeur etc…), les voyages dans l’Europe et dans le monde, le siècle de la sensibilité, le romantisme, les situationnistes, les surréalistes, la place du corps, la promenade, les vues pittoresques, l’exotisme, les motifs de paysage, les chemins de fer, les matériaux (brique, poutrelle, faïence), ses auteurs, ses traités, sa dimension sociale au XXème siècle, son rôle social dans le projet d’Haussmann, sa fragilité (sous-sol), ses carrières…
Jardin du Luxembourg :
Pour la période de la renaissance, son rapport à l’Italie, son histoire (celle d’une reine) et son héritage historique, sa promenade, sa géométrie, les successions d’époque et leurs transformations, son héritage du vivant (pépinière) au cours du temps, le vocabulaire de jardin, ses usages et son appropriation sociale, ses cohabitation de « style », son changement d’orientation, son agrandissement du palais, son rapport à l’architecture, au quartier, l’évolution du quartier sous Haussmann, sa fréquentation (poète etc…), son rapport au fleurissement et à la production horticole, son école, ses statues, à l’écologie, les dernières actualités environnementales de la ville de Paris.
Square René Le Gall :
Pour sa modernité, son époque (les années 30), son auteur polyvalent (architecte, artiste, enseignant, paysagiste), son tracé régulateur, ses matériaux, ses mouvements artistiques (arts and crafts, art déco, etc...), son actualisation de l’histoire des jardins, ses qualités spatiales, sa situation dans la bièvre (une rivière) et à côté d’une colline, son témoignage du rapport publique/privé, sa dimension sociale (sport, jeux), sa confrontation aux espaces verts, sa contemporanéité (réouverture de la Bièvre), ses problèmes hydrauliques, son évolution (nouveaux candélabres, jeux pour enfants), son extension…
Jardin des Tuileries :
Pour sa situation dans Paris, son axe historique, son axe symbolique, sa perspective, ses successions d’époques et leur interactions, ses traces, ses usages, sa situation au bord de la Seine, son rôle dans la constitution de l’urbanisme de Paris, son rapport au pouvoir, ses effets d’optiques, son rapport au bord de la seine (+ Rive d’en face) et aux ruines-tuileries (retrouvées lors de fouilles), sa composition, son rapport au quartier (rue de Rivoli), à la politique (arbre de la république), à l’art contemporain, son évolution architecturale, son rapport au Musée, à la Pyramide, son emboîtement d’espaces, ses contradictions.
Parc André Citroën :
Pour son ancienne friche industriel, pour sa situation dans la plaine de Grenelle, pour son statut de parc de quartier et parc de Paris, pour son rapport au quartier, pour son concours et ses équipes, pour sa commande, pour sa place dans le renouveau de l’art des jardins des années 1980, pour son rapport à la Seine, pour ses concepteurs et leurs positions théoriques (jardins en mouvement et géométrie…), pour son traitement du vocabulaire de l’art des jardins à la fin du XXème siècle, pour son traitement des franges, pour le statut écologique et symbolique du végétale, le rapport du vivant à l’architecture (quartier, serres, jardins sériels etc...), pour son traitement de l’architecture des jardins.
Jardin d’Eole :
Pour son actualité (XXIème siècle), son association de quartier, son ex-situation de friche ferroviaire, sa position entre deux arrondissements dans un faisceaux d’infrastructures, son quartier populaire, sa dimension sociale (présence d’un sociologue dans l’équipe de MOE et appropriation/gestion par les habitants), sa dimension HQE, environnementale et écologique, ses techniques innovantes, son rôle dans le quartier, son impact social, ses concepteurs (architectes et paysagistes), ses pratiques et usages, ses modelés de sol, sa composition, son rapport à l’espace publique de nuit et de jour, son traitement des limites, son rapport aux paysages contemporains (skyline de voie ferrée), son mode de gestion, son rapport à l’usage et à la ZAC Pajol (qui elle-même sera visitée).
Parc de Versailles (Potager du Roi, Parc Balbi, petit parc du château de Versailles) :
Pour sa modernité (avant l’heure), son actualité, son époque (classicisme et autres…), ses esthétiques (classique, baroque, rococo…post-moderne ?), son pouvoir, ses héritages (renaissance et avant), sa complexité (à la fois jardin, parc, paysage, territoire), sa perspective, son rapport à l’horizon, son travail topographique, sa révolution scientifique (outils optiques, mathématiques) et culturelle, sa dimension politique, religieuse et métaphysique, sa composition, ses différents concepteurs, sa source d’inspiration pour les concepteurs contemporains, sa situation géographique, son territoire Versaillais par rapport à Paris, son rôle dans le dessin du territoire, son rapport à la nature hier comme aujourd’hui.
VILLES et PAYSAGES
Valentina VEGA, intervenante.
TROISIÈME ANNÉE :
Définir le paysage nous amène à échapper aux limites des arts et des sciences ; à repenser les définitions de l’architecture, de la danse, la musique, la peinture, le cinéma, la littérature ; de confronter la vision des géographes, des scientifiques, des sociologues, pour trouver dans l’imaginaire de chacun, sa propre notion du paysage.
Réfléchir sur les définitions académiques et les notions de paysage au cours de l’histoire. Créer une posture sur la philosophie du paysage à travers la création d’une définition personnelle.
CULTURE DU PROJET :
Martin Veith, intervenant
« L’enseignement est un protocole confiant et répétitif d’inévidence ».
Cet ensemble de cours audio-visuels – Du phénomène au dispositif, la leçon de la Terre- voyageant dans l’histoire et sur la planète explore les grandes questions thématiques que rencontre l’architecte au long du développement de ses projets. Ce cours s’est construit sur une trentaine d’années ; il s’est affuté par décryptage des réponses que les étudiants donnaient à ces questions au travers de leurs propres travaux dirigés d’architecture.
PREMIÈRE ANNÉE : plusieurs prologues thématiques soulèvent les enjeux et les conséquences de la construction sur la planète, plaçant le choix de l’étudiant du métier d’architecte face à ses responsabilités à venir.
Sommaire :
Prologue : Première rencontre.
Architecture, art du lieu et de la durée :
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Quatre horizons, espace du visible.
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Les voûtes empilées, espaces de la conscience.
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L’œil et la main, les outils de l’architecte.
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De la grotte à la maison de verre, première histoire de l’architecture.
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De la planète au lieu, six préambules au sujet des choses données :
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Elle est ronde, elle tourne.
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L’attraction terrestre, condensateur.
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La poussée des terres et son usine.
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Réseaux aériens et souterrains, les liens invisibles.
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Soleil et climats, sources d’inventions pour l’art de la contrainte.
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Vents et courants, les forces obligeantes.
Charnière : du phénomène au dispositif
DEUXIÈME ANNÉE : le cours enchaîne les références illustrant les réponses aux questions ordonnancées par le « bien construire ».
Sommaire :
Les quatre temps fondateurs ; du phénomène au dispositif
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Asseoir ; la leçon de la dune
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Porter ; la leçon du stalagmite
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Franchir ; la leçon de l’araignée
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Couvrir et clore ; la leçon de l’arbre
Charnière : Du dispositif vers l’ordre
TROISIÈME ANNÉE : Sont abordées multiples exemples de solutions à quatre questions centrales dans l’arbitrage du projet d’architecture. Plusieurs décryptages de bâtiments icônes du patrimoine planétaire récent ou anonymes sont partagés illustrent des solutions magistrales à ces quatre questions.
Sommaire :
Les quatre questions du projet : du dispositif à l’ordre.
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Quoi ? l’ordonnancement de l’objet ; la fonction et le vide.
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Où ? le lieu ; formation et déformation au lieu ; révéler/souiller
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Quand ? la durée ; les trois horloges de l’architecture.
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Comment ? la façon ; Conception et construction
Charnière : vers le message de la forme
Antilogue : dernière rencontre.